En vingt ans, relève l'OCDE, les inégalités de revenus et la pauvreté ont reculé en France. Mais apparemment, tout le monde s'en fout.
Libération n'en parle carrément pas. Le Monde le mentionne, mais c'est dans une vague parenthèse, au milieu d'un court article planqué en pages intérieures. Le Figaro en fait un titre, mais se contente de réécrire paresseusement une dépêche de l'AFP sur le sujet… Ben quoi, on ne va tout de même pas s'arrêter d'alerter le public sur l'imminence de l'apocalypse pour s'intéresser à un rapport de l'OCDE (Croissance et inégalités 2008) indiquant que la France est un pays où la pauvreté et les inégalités reculent alors qu'elles progressent partout ailleurs !
C’est pourtant le cas. Parmi les trente nations développées que fédère cette espèce d’INSEE sans frontières, la France est à peu près la seule (avec l’Irlande, la Grèce, l’Espagne et la Turquie) à pouvoir se vanter d’être devenue moins inégalitaire au cours des deux dernières décennies. C’est sûr, ces travaux vont tellement à contre-courant du sentiment que la vie n’a jamais été aussi dure et que nous serons bientôt tous SDF qu’il est difficile d’en faire la Une d’un quotidien « responsable ». Mais les chiffres sont les chiffres et, alors que le fossé continue de se creuser entre Allemands, Italiens, Australiens ou Canadiens pauvres et riches, il n'en est rien chez nous. Même les Etats-Unis, pays phare de la mobilité sociale, ont un ascenseur social moins efficace que le nôtre ― pourtant fréquemment décrit comme incapable de s’élever au-dessus du rez-de-chaussée…
Un exemple de ce nouvel accès d'exceptionnalisme ? Selon l’OCDE, les 10% de Français les plus pauvres (9 000 euros par an en moyenne) disposent désormais de revenus supérieurs de 25% à ceux de leurs homologues des autres pays étudiés. Les 10% de Gaulois les plus riches (54 000 euros par an en moyenne), en revanche, se situent dans l’exacte moyenne OCDEienne, tout comme le gros de la troupe des salariés (20 000 euros). Le gap entre les uns et les autres est donc nettement moins important ici qu’ailleurs, même si nous sommes encore assez loin de l’égalitarisme scandinave. Le coefficient de Gini, qui mesure justement ces disparités de revenus, serait passé de 0.31 à 0.28 entre 1985 et aujourd’hui, quand le même indicateur pour l’ensemble des pays de l’OCDE faisait le trajet dans l’autre sens. Le taux de pauvreté, soit le pourcentage de personnes vivant avec moins de 50% du revenu médian, aurait également évolué à contre courant pour s’installer autour des 7% (contre 11% pour la moyenne OCDE).
Pour Martine Durand, directrice adjointe des affaires sociales de l’institution, la France est justement « un cas intéressant », puisqu’il s’agit d’un pays « où les inégalités n’ont non seulement pas augmenté mais ont baissé. C’est même le pays où elles ont le plus baissé ! » Ah bon, et par quel miracle, est-on tenté de demander… L’économiste formule trois réponses : un SMIC relativement élevé protégeant les salariés de la pauvreté et concernant 17% de la population au travail ; la création d’un grand nombre d’emplois peu qualifiés sur la période étudiée (et donc de nombreux emplois au SMIC) ; un vaste système redistributif où l’on paye beaucoup d’impôts mais où l’on reçoit beaucoup de prestations en échange même si leur ciblage n’est pas toujours idéal (16% seulement des dépenses sociales sont orientées vers les plus pauvres).
Ah, j’oubliais : quelqu’un pourrait-il prévenir mes confrères des grands quotidiens ? Le rapport leur est offert gracieusement sur le site de l’OCDE et les reposera avantageusement de leur ordinaire neurasthénique à l'heure d'évoquer les malheurs de la France. Moi, j’ai déjà mon exemplaire.
© Commentaires & vaticinations
... Billecart-Salmon, aïe, il est encore trop cher pour moi !
Rédigé par : Brégancenot | samedi 25 octobre 2008 à 10:38
... Billecart-Salmon, aïe, il est encore trop cher pour moi !
Rédigé par : Brégancenot | samedi 25 octobre 2008 à 10:38
@Brégancenot,
"Pessimisme de l'intelligence, optimisme de la volonté" disait Romain Rolland.
Cela aurait pu être la maxime de ma vie.
Je ne suis donc pas optimiste pour ce qui est de la restructuration d'une fiscalité mise au point pour les 30 glorieuses (donc obsolète car fait pour l'usage des patrons les plus rapaces en période de grande croissance): Nos gouvernants ne font jamais SIMPLE quand ils peuvent faire compliqué et le SIMPLE est rarement à la portée des idéologues !
Mais s'ils n'ont pas la VOLONTé de la mettre en oeuvre dans le sens de la dépénalisation des salaires(cette restructuration): c'est foutut !
Rédigé par : Ozenfant | samedi 25 octobre 2008 à 11:48
La prudence selon Romain Rolland...
Que voulez-vous dire par dépénalisation des salaires ? Moins de charges ?
Rédigé par : Brégancenot | samedi 25 octobre 2008 à 11:58
Toute mesure en faveur de l'emploi peut être détournée.
A l'époque où sans emploi, je décidai de m'y mettre enfin et sérieusement, je n'ai pas trouvé mieux que de proposer mes services -gratuits- à l'entreprise dont j'estimais qu'elle pouvait m'apprendre quelque chose. Ca valait mieux que de rester le cul sur la chaise. J'ai soumis à l'ANPE locale, en accord avec un "patron", mon plan de formation perso DANS l'entreprise et non pas en école (AFPA, ou ce qui existait en 85...). Par un hasard extraordianire, j'ai pu apprendre sur le tas et mieux, percevoir un Smic brut (!) pendant 6 mois. Il s'est agi d'une erreur car le Directeur de l'ANPE a cru qu'il s'agissait d'une école subventionnée (le sigle de la boite pouvait laisser planer le doute).
En fin de parcours j'apprends par la DDE de l'époque que ce que j'avais fait était totalement illégal. Ils ont enterré l'affaire, mais queques mois plus tard, intéressés par l'idée (faire plus simple c'était difficile !), m'ont demandé de leur expliquer comment cela s'était passé, étant donné que j'étais le seul en France à l'avoir fait.
Mais imaginons que cette idée ait germé à l'époque dans l'esprit d'un patron (profiteur basique), cela lui aurait fait de la main d'oeuvre pas cher (zéro, c'est pas beaucoup !)... et c'est ce qui se passe systématiquement !
Toute mesure est à la fois bonne et mauvaise. Il faut blinder à outrance.
Et moins que tout je n'aime voir la gauche cracher aujourd'hui par pur électoralisme sur ce qu'elle a mis en place hier.
Il y a des choses magnifiques en France...
Rédigé par : Brégancenot | samedi 25 octobre 2008 à 12:17
Toute mesure en faveur de l'emploi peut être détournée.
A l'époque où sans emploi, je décidai de m'y mettre enfin et sérieusement, je n'ai pas trouvé mieux que de proposer mes services -gratuits- à l'entreprise dont j'estimais qu'elle pouvait m'apprendre quelque chose. Ca valait mieux que de rester le cul sur la chaise. J'ai soumis à l'ANPE locale, en accord avec un "patron", mon plan de formation perso DANS l'entreprise et non pas en école (AFPA, ou ce qui existait en 85...). Par un hasard extraordianire, j'ai pu apprendre sur le tas et mieux, percevoir un Smic brut (!) pendant 6 mois. Il s'est agi d'une erreur car le Directeur de l'ANPE a cru qu'il s'agissait d'une école subventionnée (le sigle de la boite pouvait laisser planer le doute).
En fin de parcours j'apprends par la DDE de l'époque que ce que j'avais fait était totalement illégal. Ils ont enterré l'affaire, mais queques mois plus tard, intéressés par l'idée (faire plus simple c'était difficile !), m'ont demandé de leur expliquer comment cela s'était passé, étant donné que j'étais le seul en France à l'avoir fait.
Mais imaginons que cette idée ait germé à l'époque dans l'esprit d'un patron (profiteur basique), cela lui aurait fait de la main d'oeuvre pas cher (zéro, c'est pas beaucoup !)... et c'est ce qui se passe systématiquement !
Toute mesure est à la fois bonne et mauvaise. Il faut blinder à outrance.
Et moins que tout je n'aime voir la gauche cracher aujourd'hui par pur électoralisme sur ce qu'elle a mis en place hier.
Il y a des choses magnifiques en France...
Rédigé par : Brégancenot | samedi 25 octobre 2008 à 12:17
Bien sûr !
Mais il n'est pas question de dépénaliser les salaires sans compensations.
L'assiette totale des prélèvements pour la France n'est pas réductible puisque le budget de la sécu est (malheureusement) de 1,3 à 1,5 fois le budget total de la France.
Il s'agit seulement de prendre plus sur les bénéfices et le chiffre d'Affaire et moins sur les salaires pour que les Patrons avides aient intérêt à embaucher quand même.
Genre de raisonnement trop simple pour qu'un idéologue ou intellectuel pur (sans expérience du carnet de chèque du gestionnaire) ne le comprenne.
Ne comprenant pas les choses les + simples, il disent que le raisonnement est simpliste.
Les 10 ans que j'ai passé dans la recherche appliquée m'ont habitué à ces commentaires de la part de la presse spécialisée.
Et puis a chaque fois que ces innovations
"simplistes" conquéraient les marchés, alors soudain les mêmes journalistes oubliaient les précédents commentaires désobligeants.
De "Selon que vous êtes faible ou puissant" dépendent les commentaires de la presse, très rarement de leur bien fondé. Hi ! Hi !
Rédigé par : Ozenfant | samedi 25 octobre 2008 à 19:14
Vous êtes à votre affaire, Ozenfant, et je ne comprends hélas pas tout. Mais si une mesure peut marcher, c'est qu'elle est bonne et qu'elle finira par être appliquée, malgrè les objections et les modes intellectuellesen vigueur. Mon exemple (personnel) visait à en donner illustration et à souligner l'abus qui peut en être fait (il en va de même pour le fameux "paquet fiscal" qui a si mauvaise presse mais ne recèle pas que du mauvais).
Ma femme, cadre en milieu hospitalier, traverse en ce moment une période d'adaptation qui lui permet de remarquer que les problèmes sont la plupart du temps liés, non pas au manque de moyens mais à une certaine nonchalance et à l'immobilisme certain des "pouvoirs" en place (qui votent allègrement Besancenot !) qui préfèrent remettre en cause le système plutôt que de s'attaquer à leur propre indolence (c'est schématique, je sais). Car, aussi incroyable que cela paraisse (paresse) c'est de cela qu'il s'agit dans 80% des cas, additionné à la morosité ambiante qui ne trouve finalement son origine, à mon grand effarement, que dans la défaite de la gauche aux dernières élections ! (d'origine humble, je ne suis pas facilement démoralisé !)
Mais l'essentiel, pour elle, c'est finalement de pouvoir contourner assez facilement cet immobilisme, ce qui n'est évidemment pas votre cas, et permettre au personnel de se recadrer sur l'essentiel : le soin aux malades !
Je m'en remets donc volontiers à l'opinion des spécialistes de la spécialité !
N'y a t'il pas moyen de faire valoir les bonnes idées par les temps qui courent, on-ne-peut-plus propices à cela ?
Rédigé par : Brégancenot | dimanche 26 octobre 2008 à 09:40
Vous êtes à votre affaire, Ozenfant, et je ne comprends hélas pas tout. Mais si une mesure peut marcher, c'est qu'elle est bonne et qu'elle finira par être appliquée, malgrè les objections et les modes intellectuellesen vigueur. Mon exemple (personnel) visait à en donner illustration et à souligner l'abus qui peut en être fait (il en va de même pour le fameux "paquet fiscal" qui a si mauvaise presse mais ne recèle pas que du mauvais).
Ma femme, cadre en milieu hospitalier, traverse en ce moment une période d'adaptation qui lui permet de remarquer que les problèmes sont la plupart du temps liés, non pas au manque de moyens mais à une certaine nonchalance et à l'immobilisme certain des "pouvoirs" en place (qui votent allègrement Besancenot !) qui préfèrent remettre en cause le système plutôt que de s'attaquer à leur propre indolence (c'est schématique, je sais). Car, aussi incroyable que cela paraisse (paresse) c'est de cela qu'il s'agit dans 80% des cas, additionné à la morosité ambiante qui ne trouve finalement son origine, à mon grand effarement, que dans la défaite de la gauche aux dernières élections ! (d'origine humble, je ne suis pas facilement démoralisé !)
Mais l'essentiel, pour elle, c'est finalement de pouvoir contourner assez facilement cet immobilisme, ce qui n'est évidemment pas votre cas, et permettre au personnel de se recadrer sur l'essentiel : le soin aux malades !
Je m'en remets donc volontiers à l'opinion des spécialistes de la spécialité !
N'y a t'il pas moyen de faire valoir les bonnes idées par les temps qui courent, on-ne-peut-plus propices à cela ?
Rédigé par : Brégancenot | dimanche 26 octobre 2008 à 09:40
Tss, Tss !
Comme vous y allez, mon cher !
Ma carte du PS m'interdit de prononcer ce gros mot :
PARESSE !
Plafonds d'aide de la sécu obsènes pour socialistes de droite, paresse, enseignants, fonctionnaires, responsabilité, goût du travail bien fait, Errèmiste de 2 ou 3ème génération, NOIR, ARABE (je suis de famille Black/Blanc/Beur) ne sont pas des mots autorisés par mon parti.
LOL
Rédigé par : Ozenfant | lundi 27 octobre 2008 à 08:57
http://carpediempolitique.hautetfort.com
Rédigé par : pete | lundi 27 octobre 2008 à 12:12
En fait tu es tellement conscient des atouts du système français que tu ne cesses de vouloir qu'on copie ce qui se fait dans les pays anglo-saxons.
Sans doute pour que, tombés au même niveau qu'eux, nous ayons envie de remonter...
Comme Pikipoki, comprends pas bien.
Rédigé par : edgar | dimanche 02 novembre 2008 à 22:32
OMG , pensez-vous voir ce qui se déroule en Syrie? Indépendamment d'une répression brutale du gouvernement , les manifestations continuent
Rédigé par : Nathaniel Brenard | jeudi 12 janvier 2012 à 00:17