La liberté d'expression ne se négocie pas. Elle peut pourtant être défendue avec un poil de subtilité, ce que Daniel Leconte ne sait pas faire.
Ce qu'il y a d'assez ennuyeux avec « C'est dur d'être aimé par des cons », le documentaire que Daniel Leconte consacre au volet français de l'affaire des caricatures de Mahomet, c'est qu'il s'agit d'un mauvais film. Oui, d'un mauvais film. Manifestement convaincu de ne s'adresser qu'à des gens qui, comme moi, ont soutenu Charlie Hebdo dans son combat pour la liberté de blasphémer, le réalisateur promène sa caméra du palais de justice à la rédaction du journal avec la balourdise d'un éléphant dans un magasin de porcelaine.
Ok, nous sommes d'accord, il était du devoir des contributeurs d'un magazine satirique et irrévérencieux tel que Charlie de prendre fait et cause pour leurs homologues scandinaves. La liberté d'expression ne se négocie pas et il serait terrible de ne pas pouvoir faire subir aux fanatiques en djellaba les outrages quotidiennement infligés à leurs cousins en soutane. Mais ne pouvait-on trouver d'autres moyens de rendre compte du procès ayant opposé Philippe Val au CFCM (Conseil Français du Culte Musulman) ? Je veux dire, des moyens plus subtils que cette espèce d'ode à Saint-Georges terrassant bravement le dragon de l'obscurantisme ?
Leconte réussit le tour de force de me mettre, deux heures durant, mal à l'aise dans mon soutien jusqu'alors inconditionnel à un journal que je respecte et à un éditorialiste que j'apprécie. Et il faut vraiment qu’apparaisse Abdelwahab Meddeb trente secondes à l’écran pour saisir ce qu’aurait pu être ― mieux, ce qu’aurait dû être ― un retour serein sur un débat complexe. Témoin à décharge, l’intellectuel tunisien ne peut en effet s’empêcher d’évoquer son trouble devant quelques uns des fameux dessins du Jyllands Posten ― Mahomet à turban explosif en vedette.
Je relis d’ailleurs à peine ce que j’avais écrit à l’époque de leur reprise dans Charlie : sans en renier une virgule, je regrette vivement de ne pas être allé plus avant dans la réflexion sur, non pas la liberté d’expression per se, mais plutôt les motivations et la responsabilité d’un dessinateur satirique. Francis Szpiner, avocat du CFCM, avec ses manières patelines de ténor du barreau, insiste justement, dans le film, sur la nature clairement raciste des lettres d’insultes qui lui ont été adressées pendant l’instruction, rappelant à Val qu’il n’aurait certainement pas apprécié de tels appuis. Et l'on se doute bien de l’allure des appuis en question…
Encore une fois, qu’il faille se battre pour la liberté d’expression est une évidence. Mais l’on peut bien dessiner toutes les caricatures que l’on voudra sans pour autant faire l’impasse sur ce qu’elles représentent effectivement comme sur la façon dont elles seront reçues une fois dans les kiosques. A Charlie, l’équipe s’était immédiatement mobilisée autour de l’idée que les dessins danois n’étaient pas racistes mais simplement anti-cons, anti-intégristes, anti-poseurs de bombes. Et sans doute l’étaient-ils essentiellement. Mais ils étaient aussi autre chose et peut-être était-il maladroit de donner le sentiment d’adhérer sans réserve à un sous-texte raciste. De l'épouser sans distance.
Il serait d’ailleurs difficile de ne pas faire un parallèle avec « l’affaire Siné » de cet été, puisqu’elle concerne le même hebdomadaire. Ainsi, je n’ai moi-même plus aucun doute sur les connotations antisémites de la petite phrase sur la « conversion » du fiston Sarkozy : l’amalgame juif-pouvoir-argent par un type doté d’un passif pareil est sans ambigüité et rien n’est moins convaincant que le remplacement du mot juif par protestant ou bouddhiste pour démontrer le contraire. Que je sache, ni les protestants ni les bouddhistes n’ont été massacrés par millions il y a soixante ans au nom de ces amalgames.
Mais parce que je ne me suis pas élevé contre le droit de Siné à exprimer ses préjugés, mais bien en faveur du droit pour un patron de presse de ne pas les diffuser, je me rends désormais bien mieux compte du décalage qui existe entre la défense générale d’un principe et la défense de celui qui en fait un usage gênant (au minimum). Rétrospectivement, j’aurais donc préféré voir Philippe Val reproduire les dessins au lieu de les publier. Et il me semble que c’est sur cette énorme nuance que le débat aurait pu se situer dans un prétoire et dans un film. Les barbus seraient restés en colère, auraient brulé le même nombre d’églises et de drapeaux danois, mais Abdelwahab Meddeb n’aurait peut-être pas été troublé exactement de la même manière. Daniel Leconte, à presque deux ans d’intervalle et autant de temps pour la réflexion, ne pouvait-il pas s’en rendre compte en montant son film ?
En tout cas, quittant la salle de projection et jetant un dernier coup d’œil à l’affiche de Cabu, je me suis demandé si certains spectateurs n’en viendraient pas, agacés, à se dire qu’il est parfois presque aussi dur d’aimer des cons que d’être aimé par eux… Oh, mais je dois caricaturer un peu, là.
© Commentaires & vaticinations
J'en avais le pressentiment, mais il est bien utile que tu aies pu assister à la projection pour le confirmer.
Je veux bien défendre la liberté d'expression, mais sa défense ne doit pas occulter la réflexion sur ce que l'on exprime.
Sans compter que, dans ce cas, la défense de Val me fait irrésistiblement penser à celle de Siné : le musulman représenté avec une bombe à la place du turban était incontestablement Mahomet. Prétendre que ce dessin ne dénonçait que les poseurs de bombe ne me convainc pas. Et cela ressemble fort à la défense d'un Siné.
Rédigé par : koz | mercredi 17 septembre 2008 à 19:45
Je considère la quasi-totalité de mes compatriotes musulmans comme des gens pacifiques et honnêtes, et j'ai la même opinion pour la très grande majorité des autres musulmans de la planète (pas tous, quand même, faut pas exagérer).
Cela étant posé, je ne vois pas du tout pourquoi des non-musulmans devraient s'interdire de contester le caractère idéal et irréprochable de leur prophète. Mahomet n'a jamais prêché le terrorisme, certes non, mais il a prêché la guerre et pas qu'un peu; il ne s'est d'ailleurs pas contenté de la prêcher, il l'a aussi pratiquée et on lui en fait gloire. L'amalgame islam = terrorisme est une ânerie (compréhensible après le 11 septembre, mais c'est néanmoins une ânerie), mais l'amalgame islam = bellicisme est, hélas, bien plus exagéré que faux.
Oui, la religion prêchée par Mahomet est une religion violente -- certes à l'égard des polythéistes seuls et non des autres monothéistes, mais c'est quand même une religion très profondément marquée par une valorisation de la violence théocratique. J'en suis bien navré, mais il faut le savoir -- et donc le dire pour que ça se sache.
Je veux bien qu'on condamne un dessin transformant le turban du prophète en bombe... mais à la condition qu'on soit conscient qu'il ne faudrait pas s'offusquer d'un dessin transformant sa djellabah en treillis, ses babouches en rangers et son chameau en char d'assaut. Oui, Mahomet est un prophète de la *guerre* bien plus que de la paix; certes pas de n'importe quelle guerre (contre les polythéistes exclusivement), mais bel et bien un prophète *de la guerre*.
Que la caricature danoise ait dénoncé cette apologie de la violence dans la mentalité coranique d'une façon malhabile et outrageante pour les musulmans est un fait, mais ça ne doit pas faire oublier que le Coran est *bourré* d'appels à la violence au nom de la vraie foi. Je suis désolé si ça fait de la peine aux musulmans pacifiques (de loin les plus nombreux) qu'on le leur dise, mais ça n'en est pas moins vrai.
Traitez les caricaturistes danois de cons tant que vous voulez, mais ne prenez pas Mahomet pour un agneau bêlant, une sorte de dalaï-lama avec un turban. C'était un chef de guerre pas du tout un modéré, et quand on n'est pas musulman, je ne vois vraiment aucun moyen de voir en lui un exemple moral.
Rédigé par : Poil de lama | mercredi 17 septembre 2008 à 20:38
Poil de Lama, à votre tour, ne prenez pas les autres pour des imbéciles. Promis, on a déjà entendu parler de Mahomet.
En ce qui concerne le Coran, j'avais naguère cité ce bouquin - qui n'est guère favorable à l'islam par ailleurs :
“Terrible, n’est-ce pas ? Je vous avais pourtant mis en garde contre cette tentaion. Les Ecritures, toutes les Ecritures, sont, je vous l’ai déjà dit, des auberges espagnoles, où l’on trouve ce qu’on cherche. Je vous ai montré alors les sourates qui prouvent que le Coran pouvait aussi être une parole de paix, de tolérance et de fraternité :
“Point de violence en matière de religion. La vérité se distingue assez de l’erreur” (2:257)
“Si quelque idolâtre te demande asile, accorde-le lui, afin qu’il puisse entendre la parole de Dieu...” (9:6)
“Dis : la vérité vient de Dieu, que celui qui veut croire croie, et que celui qui veut être infidèle le soit” (18:28)
“Ô hommes, Nous vous avons créé d’un mâle et d’une femelle. Si Nous avons fait de vous des peuples et des tribus, c’est en vue de votre connaissance mutuelle” (49:13)
Et aussi : “Appelle au chemin de ton Seigneur par la sagesse et l’édification belle. Discute avec les autres en leur faisant la plus belle part. Du reste, ton Seigneur est seul à savoir qui de Son chemin s’égare, et à savoir qui bien se guide” (16:127).
Je pourrais continuer. Aussi la question n’est-elle pas ce que dit le Coran, mais ce qu’on choisit de lire dans le Coran. Et pourquoi on choisit si fréquemment d’y lire l’incitation à la violence plutôt que l’invitation à la tolérance. Ce n’est donc pas le Coran qu’il faut interroger, mais l’histoire”
Elie Barnavi, Les religions meurtrières, éd. Flammarion, p.83.
En bref, il n'est pas interdit d'être subtil.
Rédigé par : koz | mercredi 17 septembre 2008 à 22:23
Non, kos, il n'est pas interdit d'être subtil, et quand des musulmans s'appuient sur les passages que vous citez pour être parfaitement pacifiques, je suis tout disposé à chanter leurs louanges. Il faut quand même être conscient que ces passages gentils tout pleins, pacifiques, tolérants et tout, certes ils existent, mais ils existent au milieu d'un texte dont le ton général n'est absolument pas tolérant ni pacifique -- et ça crève les yeux de tous ceux qui se donnent la peine d'en lire ne serait-ce que quinze pages d'affilée choisies n'importe où. La tolérance est l'exception, mais la règle est bel et bien la théocratie -- imposée par la guerre au besoin (et en beaucoup plus qu'une demi-douzaine de passages; c'est absolument constant dans le Coran).
Je ne vous dis pas qu'il serait inconcevable de construire une théologie musulmane sur le principe "le Coran surtout dans ses aspects pacifiques, plutôt que les hadith surtout dans leurs aspects belliqueux...", je suppose d'ailleurs que c'est ce que beaucoup de musulmans font en leur for intérieur, et je les en félicite. Mais vous ne trouverez jamais de telles choses dites haut et fort dans un prêche, la personnalité de Mahomet étant au moins aussi intouchable pour un musulman que celle de Jésus pour un chrétien. Les rarissimes musulmans occidentalisés qui s'essaient à dire ce genre de choses (et vraiment, il n'y en a pas beaucoup) se font immédiatement conspuer et dénoncer comme mécréants par tous les théologiens musulmans avec qui ils essaient de discuter.
Oui, il y a des musulmans pacifiques, je pense même qu'ils sont très majoritaires, mais non le Coran n'est pas un texte pacifique, sauf à nier l'évidence. Sauf à n'en lire qu'une infime proportion soigneusement sélectionnée en faisant semblant d'ignorer l'existence de l'énorme reste -- ce qui demande quand même une assez forte dose de casuistique, sinon même d'hypocrisie (sainte hypocrisie en l'occurrence, mais hypocrisie tout de même).
Et ça, que voulez-vous, ce ne sont pas les musulmans qui le diront. Il faut que ce soient les non-musulmans qui dénoncent la violence et l'intolérance coraniques, ou personne ne les dénoncera. Or elles sont bien là, et encore aujourd'hui elles sont couramment prêchées. Pas partout, je vous l'accorde très volontiers -- mais pas non plus de façon ultra-minoritaire, tellement discréditée qu'on puisse se contenter de hausser les épaules. Oui, il y a de la violence et de l'intolérance dans l'islam, et ce n'est pas en s'interdisant de les dénoncer qu'on s'en débarrassera.
Rédigé par : Poil de lama | mercredi 17 septembre 2008 à 23:49
le combat contre la connerie passe inéluctablement par le combat contre la religion, toutes les religions, toutes porteuses d'intolérance, d'ignorance et d'obscurantisme. Il y a autant de violence dans l'histoire du judaïsme et de cruauté abominable dans l'ancien testament que dans l'islam et le coran, le christianisme n'est pas en reste. On ne bouffera jamais assez de curé, de rabbin et d' immam, par contre il n'est pas acceptable et contre-productif de ridiculiser et d'insulter la personne de celui qui croît et d'en faire une caricature haineuse ou dérisoire.
Je ne partage pas vos vues trop subtiles sur Charlie H., je pense que ce n'est qu'un journal racoleur et sentencieux, une petite boutique guère plus intéressante que les Grosses Têtes de Bouvard, les Guignols, etc... on reste dans un créneau profitable du marketing idéologique.
Il y a toujours eu de l'antisémitisme à gauche ce n'est pas nouveau. Et pas seulement de l'antisémitisme d'ailleurs. Il n'y a pas que la droite qui a la vue basse. Nul n'est exempt de préjugés. C'est pour cela que j'ai du mal avec les Elmer Gantry de Charlie, les lapideurs de Siné et les lanceurs de premières pierres.
Rédigé par : massalien | jeudi 18 septembre 2008 à 09:23
Koz,
Dans le film, il y a un autre moment intéressant : celui où Mohamed Sifaoui, un journaliste algérien constamment menacé de mort par les intégristes pour sa liberté de ton, compare le drapeau de l’Arabie Saoudite à cette image, puisque le drapeau associe le Prophète à un sabre. Mais l’Arabie saoudite est précisément un Etat intégriste et on ne peut pas dire que son interprétation de l’Islam ait quoi que ce soit à voir avec celle d’Abdelwhab Meddeb (dont je recommande fortement la lecture des livres), aussi troublé par le dessin danois que par le drapeau du pays de Ben Laden.
Poil de lama,
Je ne pense pas que ce soit le sujet. Ni les dessins danois ni Charlie Hebdo ne s’étaient lancés dans un débat théologique sur la violence dans le Coran. Ce que je voulais dire moi-même, c’est qu’il est inadmissible de céder à la menace de groupes terroristes qui souhaitent nous empêcher de dire ce que l’on veut et que le droit de faire des dessins de mauvais goût est essentiel, mais qu’il n’est pas indispensable de donner le sentiment d’adhérer à ce mauvais goût pour défendre le principe initial.
D’où cette idée de « reproduire » les dessins, mais de pas de les « publier » comme si Val et la rédac de Charlie les avaient eux-mêmes créés. Et cet agacement face au film, qui reste totalement superficiel et manichéen dans son approche du procès.
Maintenant, sur le bellicisme réel ou supposé de l’Islam, c’est une autre affaire.
Massalien,
Le combat contre les religions ? Je ne sais pas si je suis en phase avec ça. Le combat contre leur intrusion dans ma vie et dans la société, c’est plus mon, euh, credo… Mais je place quand même Charlie plus haut dans la hiérarchie que les Grosses têtes.
Rédigé par : Hugues | jeudi 18 septembre 2008 à 10:16
Toute la confusion naît du fait que la liberté d'expression est effectivement restreinte en France puisque la loi interdit d'exprimer des opinions racistes etc...
Du coup, dès qu'un con balance une insulte raciste le débat se focalise sur le fait de savoir si c'est légal ce qui occulte la question bien plus importante de savoir si c'est con.
Nos amis Américains qui savent ce qu'est la vraie liberté d'expression laissent chacun libre de dire que les juifs sont feignants, les arabes cupides ou les noirs voleurs.
Du coup, quand un crétin arbore un insigne SS ou dit que le pape est pédé, il n'est pas attaqué et personne ne se sent donc obligé de le défendre. Le mec reste donc tout seul avec sa connerie.
Si on évacue la question de la légalité, les événements dont tu parles deviennent très simples. Les caricatures n'étaient pas illégales, elles étaient seulement incroyablement insultantes et stupides. Ce qu'a écrit Siné n'est pas illégal, c'est juste l'oeuvre d'un vieux con aigri.
Et on retombe sur ton dernier paragraphe. Ces lois soi-disant anti-racistes nous forcent à défendre des cons sans diminuer le racisme. Elles sont nocives. Revenons à la vraie liberté d'expression.
Rédigé par : Liberal | jeudi 18 septembre 2008 à 10:30
Mon cher Hugues,
Voulà le type de sujets ou tu excelles !
Même KOZ fait aujourd'hui preuve de subtilité, il faut lui rendre hommage !
Et oui, c'est plus que du réchauffé de dire que l'on trouve tout et son contraire dans "Le livre".
"MON" Coran ne parle pas plus du voile que la bible et ne prône pas plus la violence que l'Ancien testament.
On peut tout à la fois être conscient que les religions et cupidité sont les deux plus grand facteurs de guerre, comprendre que ce sont les coutumes machistes du mâle méditérranéen qui sont en cause pour le voile, alors que ce sont les frustrations du monde Arabe face au VEAU D'OR occidental qui attisent les haines terroristes.
On peut en même temps ne pas approuver un film grossier même si on est un défenseur de la liberté absolue de la presse.
Dans les sociétés ploutocratiques, comme la notre, le citoyen est entraîné et convié à développer un très petit sentiment qui est la satisfaction de son désir mercantile.
Est-ce compatible avec une quelconque liberté de penser ?
Quand je dis penser, je ne parle pas de réorganiser les préjugés de notre époque... bien sûr !
Rédigé par : Ozenfant | jeudi 18 septembre 2008 à 11:13
globalement d'accord avec toi Hugues même si je pense que tu devrais pousser ta réflexion plus loin.
dans le sens du malaise, il y a cet article paru hier dans Libé :
http://www.liberation.fr/actualite/societe/352413.FR.php
pour ma part - je ne me défile pas, je me demande si dans le combat de Charlie pour la liberté d'expression (combat que je salue également), il n'y a pas un tantinet de racisme chez certains de ses acteurs (à tout le moins, la volonté d'amalgamer musulmans et islamisme radical).
Rédigé par : david | jeudi 18 septembre 2008 à 13:33
+1
Rédigé par : edgar | vendredi 19 septembre 2008 à 09:14
David,
C'est beau d'avoir une pensée généreuse.
Mais quelle n'a pas été ma surprise, quand mon gendre, cadre dans une multinationales et musulman pratiquant modéré, m'a déclaré approuver les terroristes des 400 enfants tués de Beslan.
Ce que nous comprenons mal, nous les petits laïques, c'est la fantastique force de cohésion et d'auto-défense du monde musulman.
C'est pourquoi je dis que l'ESSENTIEL est de donner les moyens aux mulsulmans se réclamants de l'Islamm des lumières, de se faire entendre.
A l'heure actuelle les gens comme Malek BOUTIH, sont regardés comme des "jaunes" par la majorité des Arabes de France.
Je ne porte pas de jugement, il faut juste que la "bien-pensance" descende de son nuage, de temps en temps.
Rédigé par : Ozenfant | vendredi 19 septembre 2008 à 13:23
Est-ce que je dois m'inquiéter, Hugues ?
Encore une fois, je suis d'accord avec vous !
Et, toute ironie mise de côté, je salue très sincèrement votre capacité à réviser votre jugement (au moins sur ce point précis), capacité dont vous témoignez habituellement avec la plus vétilleuse économie.
Ozenfant a écrit :
"Ce que nous comprenons mal, nous les petits laïques, c'est la fantastique force de cohésion et d'auto-défense du monde musulman."
C'est pourtant assez simple à comprendre.
Premièrement, on pourrait en dire autant d'à peu près toutes les communautés : dans leur très grande majorité, les Juifs de France et d'ailleurs ne défendent-ils pas Israël au-delà du raisonnable, même lorsque la politique de ce pays est indéfendable ?
Les catholiques n'ont-ils pas globalement tendance à souligner les racines chrétiennes de la France et de l'Europe (la venue du pape nous en a encore offert un exemple) ?
Face aux attaques en règle, le réflexe des Chinois — de Chine ou de la diaspora — n'est-il pas de soutenir le PC chinois, malgré la nature autoritaire de ce régime ?
Les Américains de tous bords (démocrates comme républicains) n'ont-ils pas tendance à justifier les agressions (coups d'Etat et invasions illégales), crimes de guerre (bombardements massifs et continus de civils), mensonges politiques (les ADM, l'anthrax…) et mesures liberticides (Patriot Act) au nom du patriotisme ?
Les chefs d'entreprise ne sont-ils pas plus enclin que de raison à excuser les actes des "patrons voyous", les dommages collatéraux de la course au profit et le saccage méthodique du droit du travail ?
Etc., etc.
Toute communauté se définit par un degré minimum de cohésion et celle-ci a tendance à augmenter parfois jusqu'à l'absurde lorsqu'un groupe donné a le sentiment (justifié ou non) d'être l'objet de persécutions (physiques, législatives, économiques, intellectuelles, morales, etc.).
Cela conduit parfois à des attitudes intenables — comme l'exemple que vous rapportez —, mais c'est très compréhensible, très humain et très prévisible.
Rédigé par : Antoine Block | vendredi 19 septembre 2008 à 15:58
Quant à Malek Boutih, c'est vraiment un triste pantin.
Rédigé par : Antoine Block | vendredi 19 septembre 2008 à 16:02
le racisme dont je parle plus haut ne sort pas de nulle part. il vient de l'application exagérée d'une grille de lecture (c'est de l'antisionisme / antisémitisme inversé). j'entends rester prudent et mesuré sur le sujet mais je ne vois pas d'autre explication. c'est un combat qui est mené, non pas pour la liberté d'expression (ou à la marge, ou parce que la liberté d'expression est un outil).
Rédigé par : david | vendredi 19 septembre 2008 à 16:38
Juste en passant, un petit soutien a Poil de Lama contre Koz. Je ne suis pas expert en interpretation du Coran, mais je me suis brievement interesse a la question recemment pour diverses raisons.
Et une chose que j'ai cru comprendre est qu'en fait du point de vue de l'attitude envers les non-musulmans (y compris juifs et chretiens), il y a deux etapes. Les versets recus par Mohammed pendant qu'il est encore a la Mecque et que ses fideles sont en forte minorites sont tres pacifistes et appellent au respect des autres religions (enfin surtout celles "du Livre": juifs et chretiens)
Par la suite, Mohammed et ses suivants sont forces d'emigrer a Medine, ou ils prennent assez rapidement le pouvoir. Les versets du Coran que recoit alors Mohammed (Je rappelle qu'il recoit ces versets sur une periode totale de 20 ans) sont alors beaucoup plus agressifs et apellent a l'aneantissement ou la soumission des juifs et chretiens. En particulier, voici un extrait de la sourate dite "du repentir":
29. Combattez ceux qui ne croient ni en Allah ni au Jour dernier, qui n'interdisent pas ce qu'Allah et Son messager ont interdit et qui ne professent pas la religion de la vérité, parmi ceux qui ont reçu le Livre (ie Juifs et Chretiens) , jusqu'à ce qu'ils versent la capitation (l'impot special pour les non-musulmans) par leurs propres mains, après s'être humilies.
30. Les Juifs disent: ‹Uzayr est fils d'Allah› et les Chrétiens disent: ‹Le Christ est fils d'Allah›. Telle est leur parole provenant de leurs bouches. Ils imitent le dire des mécréants avant eux. Qu'Allah les anéantisse! Comment s'écartent-ils (de la vérité)?
Le probleme est qu'il y a historiquement (si j ai bien compris) eu un consensus parmi les theologiens islamistes pour considerer que les versets ulterieurs chronologiquement (et en particulier ceux-ci) abrogeaient ceux qu'ils contredisaient (le terme technique et Naskh: http://en.wikipedia.org/wiki/Naskh_(exegesis)).
Il faut donc avoir conscience que les versets de tolerance datent essentiellement (pas sur qu'ils le soient tous ceci dit; encore une fois je ne suis pas un expert) de la periode ou les musulmans etaient en position de faiblesse. Et que beaucoup de theologiens musulmans ont considere qu'ils etaient annules par les versets plus agressifs consacrant la domination musulmane.
Rédigé par : Passant (oui, ce pseudo est tres original) | samedi 20 septembre 2008 à 10:32
Libéral et Antoine pensent exactement comme moi, sur ce sujet.
Je déteste les corporatismes et les communautarismes parce qu'ils sont l'expression même du parti-pris, des préjugés et donc de la mauvaise foi.
Ma mère me disait "Tu l'as bien mérité" quand je rentrais de l'école en me plaignant de l'injustice d'un prof.
J'ai ainsi appris très vite que la lucidité consistait à ne pas défendre son propre camp lorsqu'il ne le méritait pas.
L'objectivité passe par l'absence totale d'esprit de chapelle, d'appartenance à un clan, de convictions !
Libéral et Antoine ont compris ce que je constate avec les musulmans que je fréquente :
L'emprise du "milieu", de la communauté est tellement forte, qu'elle leur fait perdre toute objectivité au point de voir mon gendre "modéré" dire des 400 enfants morts de Beslan : "c'est bien fait pour eux".
Ca, c'est le réel, comme certaines réflexions qu'on peut entendre à la sortie de la mosquée...
La peur n'évite pas le danger. Fermer les yeux par-contre attire toujours le danger : Rappelez vous Daladier descendant de l'avion de Munich et disant de la presse, des intellectuels et de tous ceux qui applaudissaient la paix : "Les cons".
Il me semble raisonnable de dire que seule une laïcité agissante chez les musulmans "des lumières" est à même de ne pas nous entraîner dans une spirale "à l'Indienne".
Au fait Antoine, quelle à été la position de Malek Boutih ?
Rédigé par : Ozenfant | dimanche 21 septembre 2008 à 10:20
@Ozenfant :
Je ne sais pas quelle a été la position de Malek Boutih sur la question des caricatures, mais j'ai une opinion assez arrêtée sur le personnage, d'une manière générale. Il représente ce que l'opportunisme politique produit de plus mesquin, un individu capable de tirer parti de son origine ethnique (quels sont ses autres qualifications, au juste ?) pour se glisser dans l'appareil d'un parti politique et, ensuite, de manœuvrer dans le sens d'un populisme qu'il espère payant.
Une journaliste lui demande pourquoi il n'a pas davantage relayé les attentes de la jeunesse issue de l'immigration, au sein du PS. C'était censé être son rôle particulier et, pourtant, c'est l'UMP qui s'est trouvé en position de montrer l'exemple à la gauche.
"Isabelle Mandraud : Vous étiez chargé des questions de société au PS. Pourquoi n'avez-vous pas porté ce débat ?
Malek Boutih : A la demande du bureau national, j'ai proposé un rapport sur l'immigration. Je l'ai remis à François Hollande. La première chose qu'il a faite c'est de le cacher et de prier pour qu'on n'en parle pas. Quand il a quand même émergé, il s'est empressé d'éteindre tout débat de fond en obtenant, il faut bien le dire, un certain consensus."
De quoi était-il question dans ce rapport ? Tout simplement d'appliquer à "la question islamique" et au "problème de l'immigration" (parce que question et problème il y a, n'est-ce pas ?) les solutions préconisées par le FN :
1 ) Quotas et immigration choisie, en fonction des besoins de la France et de l'offre qualifiée des pays d'émigration.
2) Contre la régularisation des sans-papiers.
3) Refus du regroupement familial.
4 ) Abrogation de la double nationalité (en ce qui concerne l'immigration africaine du moins, Boutih ne précise pas si ces mesures devraient être imposées aux immigrés américains, par exemple…).
Voici la fine analyse qu'il fait de la situation des banlieues paupérisées et les remèdes qu'il préconise à l'égard de cette classe dangereuse (soit du Kärcher avant la lettre) :
« Les barbares des cités, il n’y a plus à tergiverser, il faut leur rentrer dedans, taper fort, les vaincre, reprendre le contrôle des territoires qui leur ont été abandonnés par des élus en mal de tranquillité. Et vite ! [...] se laisser indéfiniment intimider par cinq mille gangsters qui terrorisent les quartiers, violent les filles en tournantes, cament leurs petits frères jusqu’à l’os, s’équipent en armes de guerre et tiennent chambres de torture dans les caves, non ! »
Ce rapport est consultable ici :
http://www.voxdei.org/afficher_info.php?id=13476.35)
Le FN ne s'y est pas trompé et a salué la contribution importante de M. Boutih à la lepénisation des esprits :
« M. Boutih a repris en l’espèce les propositions faites par le Front national en 2002, plus précisément une partie du programme du candidat Jean-Marie Le Pen à l’élection présidentielle [...] »
(le quotidien du Front national, "Français d’abord", dans son édition du 13 mai 2005).
Donc, sur les caricatures, j'imagine qu'il a entonné le couplet consensuel sur la liberté d'expression, l'obscurantisme, l'islamo-fachisme rouge-vert et autres fulgurances conceptuelles.
Rédigé par : Antoine Block | lundi 22 septembre 2008 à 05:50
Vous le savez bien Antoine,
quand un intellectuel est a court d'arguments concrets, il se met à coller des étiquettes, c'est à dire des jugements de valeur. ("Les esprits sains discutent des actes, les esprits moyens discutent des événements, les esprits médiocres discutent des personnes.")
Le conceptuel remplace le réel, les certitudes idéologiques remplacent la stricte observation sceptique des faits.
On en revient à l'éternelle confrontation entre les deux approches de la vie :
1° Le concept de Démocrite de l’observation sensorielle source des idées.
2° Le concept Platonicien de l'idée pure et autonome niant le réel et déifiant l'homme.
Avec Démocrite pour la première fois, un système du monde fut élaboré sans présupposer qu'un esprit eut l'intention de le fabriquer ou de le créer. La théorie atomiste préfigure la pensée moderne, non parce qu'elle utilise le terme "atome", mais parce qu'elle s'efforce de construire la complexité du réel à partir de principes réels. Cause et effet doivent être définis sur le même plan. Par cette détermination d'une causalité homogène, Démocrite a jeté les fondements de la recherche objective et de l'esprit scientifique. Pas étonnant qu’ils ait été volontairement passé sous silence par Platon, qui sans le prévoir, jetait à la même époque, les bases de l’obscurantisme.
Le sionisme est un cancer de l’histoire que la France et L’Angleterre ont tenu sur les fonds baptismaux, mais en faire un complexe de culpabilité est improductif : "L’indignation morale est une stratégie pour conférer de la dignité aux imbéciles." disait Marshall Mac Luhan, le théoricien de la communication qui n‘était pourtant pas du tout réactionnaire....
Une seule chose compte, c’est COMMENT s’en sort t-on ?
Rédigé par : Ozenfant | lundi 22 septembre 2008 à 11:05
Je ne suis pas sûr d'avoir bien compris votre dernier message, Ozenfant. Je vous répondais sur Malek Boutih, mais il n'était pas question de la guerre Israélo-palestinienne ou du sionisme.
Merci cependant pour vos précisions sur Démocrite : je crois connaître assez bien mon Platon, mais j'avoue que je prenais la démocrite pour un dérangement intestinal provoqué par un discours du chef de l'Etat.
Rédigé par : Antoine Block | lundi 22 septembre 2008 à 14:01
Tout à fait d'accord avec vous! ce film défend corps et âme la liberté d'expression, ce qui est bien, mais oublie de parler de la responsabilité morale du caricaturiste! C'est un film trop partisan qui ne donne que trop peu la parole au camp adverse et quand bien meme il le fait il montre uniquement des opposants trop caricaturals pour representer ceux qui ont été génés par ce film...
http://carpediempolitique.hautetfort.com
Rédigé par : pete | lundi 22 septembre 2008 à 15:21
Bel "évitement" d'intellectuel assis, Antoine !
Comprendre ce que nous ne comprenons pas, n'est-il pas la meilleure preuve d'intelligence ?
Rédigé par : Ozenfant | lundi 22 septembre 2008 à 19:01
Non, Ozenfant, aucun évitement de ma part. Sincèrement, je ne vois pas le lien entre le conflit israélo-palestinien, le (mauvais) film de Val, l'affaire des caricatures danoises, Démocrite et Platon…
Sans doute manqué-je d'esprit de liens et je ne veux pas troller en dérivant trop loin du billet de Hugues. Mais si vous voulez aborder une question précise — et si notre hôte en d'accord — je vous répondrai avec plaisir.
Rédigé par : Antoine Block | lundi 22 septembre 2008 à 19:19
Voir une bande de notables faire les fiers à bras dans un procès gagné d'avance, quel ennui ! Ce film ravira les degoches qui cherchent des causes confortables à défendre. Consensuel, convenable et bien-pensant, un succès garanti pour tous publics.
Rédigé par : Foxapoildur | vendredi 26 septembre 2008 à 15:52